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Les Sierra, sœurs à la ville, divas sur scène

Nadine et Melanie Sierra, sœurs toutes deux nées en Floride, se fréquentent surtout en Europe ces derniers mois. Planning chargé, tournées importantes, les chanteuses s’attrapent à la volée, entre deux avions, à Francfort ou à Londres. « C’est toujours furtif et j’avoue que j’ai été si occupée récemment que je n’ai pas beaucoup alimenté le groupe WhatsApp familial », s’excuse l’aînée devant la cadette. Ce matin de décembre, les voilà ensemble, réunies pour soixante-douze heures à Paris, cette capitale adorée de laquelle elles postent sur Instagram des clichés féériques à la Emily in Paris. Décontractées et installées salle Balanchine, vaste espace de répétition dans les étages de l’Opéra Bastille, c’est la première fois qu’elles accordent un entretien croisé.
Peut-être parce que, bien qu’elles soient toutes deux chanteuses en vue, les Sierra évoluent dans deux milieux aussi proches que distants : l’opéra et la comédie musicale. Dans les productions auxquelles participe Nadine au Metropolitan Opera, à New York, à La Scala, à Milan ou au Konzerthaus, à Vienne, beaucoup ignorent qu’elle a une sœur qui a fait ses gammes à Broadway, et vice versa.
En ce début 2024, l’une et l’autre sont à l’affiche en France. Quand Melanie Sierra, 29 ans, incarne Maria dans West Side Story, spectacle qui a cartonné au Théâtre du Châtelet à l’automne, et part à partir du 9 février en tournée à Bordeaux, Lyon, Rouen et Nantes, Nadine Sierra, 35 ans, promet de faire chavirer l’Opéra de Paris. Elle y endossera, à compter du 21 janvier, le rôle d’une Violetta très pop dans La Traviata, transposée à l’ère des réseaux sociaux par le metteur en scène Simon Stone.
Nées à Fort Lauderdale, d’un père américain d’origine italienne et portoricaine et d’une mère portugaise, les Sierra ont grandi dans une carte postale. « La Floride typique, décrivent-elles : une maison-ranch avec une piscine, des palmiers, des flamants roses à Noël. » Dans la demeure où grandit aussi leur aînée, Stephanie, qui deviendra mannequin, la famille aime visionner les comédies musicales de la MGM et fait résonner les albums de Michael Jackson, de Whitney Houston ou d’Amália Rodrigues, star du fado qui rappelle à leur mère son pays natal. Les idoles de Nadine, inscrite dès 6 ans à des cours de musique, se nomment, elles, Mirella Freni ou Luciano Pavarotti, mètres étalons opératiques de haute volée.
« Mes parents m’ont imposé une discipline : je devais travailler ma musique au moins une heure chaque jour si je souhaitais voir mes amis et sortir », raconte Nadine Sierra sans se plaindre. Lorsqu’elle a 10 ans, sa mère lui montre une captation de 1982 sur une cassette vidéo : La Bohème, monté par Franco Zeffirelli au Metropolitan Opera. « Je ne comprenais évidemment pas l’italien, mais, dans le phrasé des mots, la justesse des voix, je percevais exactement où étaient la joie et le chagrin. » Usant la bande sans jamais la retourner à la médiathèque, elle en tire une certitude : celle de désirer devenir chanteuse d’opéra.
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